Wigwam

Les deux sculptures ici proposées reprennent les formes d’habitations circulaires, faisant écho à un recyclage sans fin et exponentiel du travail de Laurent Le Deunff. Le titre de cette exposition renvoie également à une réminiscence d’un voyage en Amérique du Nord.
Elles évoquent cette phrase du Somadeva : « démolis ta maison pour t’en faire un bateau.»
Symbole du cercle qui s’auto alimente en incorporant des éléments extérieurs, le cercle du travail, d’une pratique d’atelier prend ici en compte les contingences de ce dernier.
Rentrer des matériaux.
Sortir des pièces.
Formes souples.
On pense à Phillip King.
Recyclage.
2 canapés.
Des bouts de bois.
Dépecer, découdre, recoudre, continuer, chasser le même animal...
Faire avec ce que l’on a et aller au plus simple.
Multiplier les pistes, les évocations.
Il renoue les traces d’anciennes sculptures, vers un itinéraire connu et pourtant renouvelé.
En faisant avec les restes :
Des cheveux.
Des rognures d’ongles.
De la toile de jute.
Et désormais des bouts de canapés qui jonchent le sol de l’atelier.
Laurent Le Deunff s’approprie des savoir-faire, mais encore une fois juste ce dont il a besoin pour affronter, rentrer dans une nouvelle forme.
Volume en creux.
D’une forme à une forme.
Approche intérieure de la sculpture.
Redonner de l’âme à un produit manufacturé, anodin, quelconque, par un acte minimum.

Wigwam nous propose donc tout un ensemble d’évocations, de souvenirs, de projections plus ou moins personnelles allant du campement de fortune fait de couvertures et de coussins aux préoccupations plus formelles d’une sculpture dans un espace. Laurent Le Deunff réussit à nouveau, avec cette constante économie de moyens et amour des matériaux pauvres, à nous amener loin d’une simple illustration, résolument ailleurs.

Anne Colomès